LE JEU D’ETOUFFOIRS : L’ELEMENT INDISPENSABLE DE VOTRE PIANO POUR LE PHRASE MUSICAL
LE JEU D’ETOUFFOIRS : L’ELEMENT INDISPENSABLE DE VOTRE PIANO POUR LE PHRASE MUSICAL
La musique, source d’émotions, nécessite pour l’interpréter de considérer le silence avec une attention particulière car il est un des éléments constitutifs du phrasé.
Le discours musical est composé de sons et de silences quelques soient leurs durées. Pour qu’une phrase musicale prenne tout son sens le ou les musiciens doivent respecter sa ponctuation. Le phrasé musical consiste au respect de l’articulation des notes ainsi que des respirations, .
Lors d’un concert, nous pouvons observer qu’après une fin de phrase, un certain temps de silence est nécessaire à la compréhension du discours musical. Les musiciens nomment ces fins de phrases, des cadences. A la fin d’un mouvement ou du mouvement final d’une œuvre (symphonie, concerto, opéra), un temps de silence est essentiel. A l’issue de la cadence conclusive il sera particulièrement nécessaire à la « déconnection » avec le chef d’œuvre musical. Cet instant, comme une suspension du temps, précédent les applaudissements du public. Il s’avèrera fort d’émotions tant pour le chef d’orchestre, que pour les musiciens et bien entendu les spectateurs !
C’est précisément le rôle du chef d’orchestre (œuvre orchestrale) ou chef de chœur (œuvre vocale) de mettre en valeur ces cadences. Dans bien des cas les silences sont indiqués sur la partition, parfois munis de points d’orgue, symbole du prolongement du temps.
Il ne faut pas croire pour autant que pendant ces temps de silences il ne se passe rien. Nous pouvons, si nous y prêtons attention, percevoir la décroissance de la résonance naturelle des instruments constituant l’orchestre. Il est beaucoup plus aisé de percevoir ce phénomène lors de représentations de chœurs dans les cathédrales.
Lors d’un concert en soliste, le pianiste apportera la même attention et prendra donc en considération l’interruption du son puis la décroissance de résonnance naturelle de son instrument.
Dans un piano, c’est le jeu d’étouffoirs qui permettra de mettre en valeur ces deux principes. Son réglage peut également déterminer un toucher plus ou moins ferme et donc, un contrôle du son plus précis.
Le jeu d’étouffoirs est en relation directe avec les pédales forte et tonale, (plus fréquente sur les pianos à queue). L’usage de la pédale forte permet à tous les étouffoirs de libérer les cordes simultanément, avec précision. Elle offrira une parfaite maitrise du changement ainsi qu’une clarté des jeux harmoniques. L’usage de la pédale tonale, permet au pianiste de choisir de ne maintenir le son que sur certaines notes. Elle est très utile pour l’interprétation de la musique post romantique, par exemple.
Au cours de la 2e moitié du 19e siècle, l’action des pédales prend une importance capitale. Les compositeurs indiquent avec grande précision ce que les musiciens appellent « la pédalisation », une des composantes du phrasé.
Il est également très important de ne pas négliger l’aspect visuel d’un instrument de musique. Plateau relevé, un piano à queue laisse entrevoir son ensemble d’harmonie ainsi que son jeu d’étouffoirs. Un piano, bien entretenu, entraînera, de manière inconsciente, une invitation à prendre plaisir à jouer.
Un peu d’organologie :
Piano à queue :
Le jeu d’étouffoirs est fixé sur une barre appelée sommier. Le nombre d’étouffoirs varie entre 65 et 75 unités selon les différents plans de cordes. Quatre types de feutres sont nécessaires pour constituer un jeu :
- Les plats : destinés aux registres médiums aigus
- Les doubles coins : destinés au registre bas médiums
- Les coins : destinés au registre basse (chœurs bi-cordes)
- Les gorges : destinés au registre basse uni-cordes
Un étouffoir est constitué d’une tête en bois garnie d’un des types de feutres cités précédemment, d’une tige en métal traversant une galerie garnie de feutre. La tige relie l’étouffoir à une bascule elle-même constituée de deux leviers, et d’une fourche de fixation.
La bascule est un élément intermédiaire entre la touche et les barres forte et tonale. Son articulation s’opère selon le même principe que les autres éléments de la mécanique (voir l’onglet repivotage).
Sous les bascules, se situe la barre de forte. Elle assure la levée générale des étouffoirs sous l’action de la pédale forte. Devant les bascules, se situe la barre de pédale tonale. Celle-ci, sous l’action de la pédale tonale, assure la levée individuelle des étouffoirs.
Tous ces éléments assemblés constituent le bloc étouffoirs
Piano droit :
Contrairement au piano à queue, le jeu d’étouffoirs du piano droit est fixé sur le sommier de mécanique. Le nombre d’étouffoirs varie entre 65 et 75 unités selon les différents plans de cordes. Quatre types de feutres sont nécessaires pour constituer un jeu :
- Les plats : destinés aux registres médiums aigus
- Les doubles coins : destinés au registre bas médium
- Les coins : destinés au registre basse (chœurs bi cordes)
- Les gorges : destinés au registre basse (uni-cordes)
Un étouffoir est constitué d’un taquet en bois garni d’un des quatre types de feutres énoncés ci-dessus, d’une poupée (bouton muni d’une vis) sur laquelle sera collé le taquet et d’une lame surmontée d’une tige métallique recevant la poupée. Elle est en relation directe avec le chevalet (mécanique) et dispose d’une fourche de fixation.
Son articulation s’opère selon le même principe que les autres éléments de la mécanique. Ces pièces sont traditionnellement fabriquées en bois.
Touche sollicitée, la corde est libérée, un ressort à « poussée » sera nécessaire pour assurer le retour de l’étouffoir sur la corde. L’étouffoir pourra ainsi remplir sa fonction lors de la remontée de la touche.
Derrière les lames, se situe la barre de pédale forte. Celle-ci assure le basculement général des étouffoirs sous l’action de la pédale forte. Les ressorts de lames permettront le retour du jeu d’étouffoir lors de la levée de la pédale.
Certains pianos droits peuvent disposer d’une pédale tonale.
Au fil du temps et en fonction de l’utilisation de l’instrument et de son environnement climatique, deux situations problématiques peuvent survenir :
- Excès de sècheresse et/ou instrument très utilisé :
- Les bois sont plus lâches et les articulations prennent du jeu.
- On peut observer un décollement et/ou usure des feutres.
- De divers bruits apparaissent sous l’action de la touche ainsi que de la pédale.
- Excès d’humidité et/ou instrument peu utilisé :
- Le bois gonfle et comprime les axes d’articulations. Le mouvement des bascules (piano à queue) ou des lames (piano droit) est difficile, paresseux. L’étouffoir étouffe mal voire plus du tout.
- Les ressorts (piano droit) peuvent devenir faibles.
- Des grincements peuvent également apparaitre sous l’action de la pédale forte.
Dans le cadre d’une maintenance courante, nous pourrons vous proposer sur place ou en atelier :
- Dans la première situation :
- Le remplacement d’un ou plusieurs ressorts cassés (piano droit)
- Le remplacement de feutres décollés ou usés taquets décollés (piano droit)
- Le nettoyage et la lubrification des ressorts de lames, lubrification barre de pédale forte (piano droit)
- Le nettoyage intérieur du meuble, têtes d’étouffoirs, tiges et galeries (piano à queue)
- La reprise de réglage du jeu d’étouffoirs, du pédalier (piano droit) de la lyre (piano à queue)
- Dans la deuxième situation :
- Remplacement d’un ou plusieurs ressorts cassés (piano droit)
- Remplacement de feutres décollés ou taquets décollés (piano droit)
- Nettoyage des ressorts de lames, lubrification de la barre de pédale forte
- Nettoyage de l’ensemble d’harmonie, des têtes d’étouffoirs, des tiges et galeries souvent corrodées (piano à queue)
- Reprise de réglage du jeu d’étouffoirs, du pédalier, (piano droit) et de la lyre (piano à queue)
Dans le cadre d’une maintenance approfondie, nous pourrons vous proposer une réparation ou une restauration du jeu d’étouffoirs. Cette prestation se réalise en atelier :
Piano à queue :
- Remplacement du jeu complet des feutres d’étouffoirs,
- Remplacement des garnitures de talons de bascules, (si elles en sont pourvues sinon en bouts de touches)
- Remplacement des garnitures d’articulation de barres de pédales forte et tonale,
- Repivotage partiel ou complet
- Le remplacement des feutres du jeu de galeries.
Pour les pianos à queue de très hauts de gammes et modernes, le remplacement du bloc étouffoirs à neuf peut-être envisagé.
Piano droit :
- Remplacement du jeu complet de feutres d’étouffoirs,
- Remplacement des garnitures de bas de lames,
- Remplacement du jeu de ressorts,
- Remplacement des garnitures d’articulation de pédale forte,
- Repivotage partiel ou complet.
Pour les pianos droits de très hauts de gammes et modernes le remplacement du jeu d’étouffoirs à neuf (lames, poupées, taquets), peut-être envisagé.
On prendra soin, pour un piano droit comme pour un piano à queue, de remplacer les coussins de pédales.
Un réglage beaucoup plus abouti permettra de valoriser, sans conteste, la musicalité de l’instrument.
Pour aller plus loin :
Fournitures :
- Boîtes de jeu de feutres d’étouffoirs
- Boîtes de jeu de taquets d’étouffoirs (piano droit)
- Boîtes de jeu de têtes d’étouffoirs (piano à queue)
- Jeu de poupées (piano droit)
- Bandes de feutre pour bas de lames (piano droit)
- Bandes de feutre pour talons de bascules (piano à queue)
- Jeux de tiges (piano à queue)
- Drap de garnissage pour galeries (piano à queue)
- Feutres pour coussins de pédales
Outillage :
Un outillage très spécifique est indispensable à la réparation, la pose d’un jeu d’étouffoirs et au réglage :
- Guillotine (découpe de bandes de feutres)
- Pinces à bec de canard
- Pinces à couder
- Assortiment de tourne à gauche
- Petit tournevis spécifique pour vis de bascules et de poupées
Vous trouverez ici une écoute attentive et un service personnalisé.